Voici quelques faits:
1. Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ne reconnait pas le syndrome de dysfonctions non verbales (SDNV). Bien que cet ouvrage de référence soit controversé, il est utilisé par la plupart des spécialistes posant des diagnostics.
2. En 2022, une proposition par un groupe de médecins et spécialistes (1) au comité de pilotage du DSM est soumise: inclure le DVSD (2) avec ses critères diagnostiques spécifiques.
3. À ce jour, plusieurs neuropsychologues ne posent pas le diagnostic de SDNV, parce qu’il n’est pas reconnu dans le DSM.
4. Au Canada, il existe des documents facilement disponibles par les ministères de l’Éducation de l'Alberta et du Manitoba, pour les professionnels de l’éducation sur les troubles non verbaux:
5. Un site reconnu en Ontario destiné à soutenir les professionnels de l'enseignement qui travaillent auprès des élèves ayant des troubles d’apprentissage reconnait les troubles d’apprentissage non verbaux4.
________AU QUÉBEC_______
* Il n’y a pas de documents officiels de la part du ministère de l’Éducation du Québec qui nomme le SDNV comme étant un syndrome qui apporte des défis importants chez les élèves qui en sont atteints. De plus, le ministère de l’Éducation du Québec ne mentionne aucun trouble non verbal.
* Le ministère de l'Éducation du Québec prétend qu'il n'est plus nécessaire d'avoir un diagnostic pour bien accompagner un élève et lui offrir ce dont il a besoin. Pourtant, même à ce jour, certains diagnostics offrent un code. Ce code donne du soutien aux élèves.
* Le ministère de l’Éducation du Québec ne peut pas exiger un diagnostic dans le but de venir en aide aux enfants de ses écoles, bien que le diagnostic permette de mieux cerner le portrait d’un élève et ses besoins spécifiques.
* Un référentiel conçu par la fédération des syndicats de l’enseignement du Québec sur les élèves à risque et HDAA nomme le SDNV. Il est inclus dans les troubles d’apprentissage non spécifiques, bien que les informations de la page 54 soient brèves et ne reflètent pas l’ampleur des défis de ce profil pour permettre un bon dépistage et des interventions spécifiques.
* Des Cégeps du Québec reconnaissent le syndrome de dysfonctions non verbales.
Le SDNV existe, bien qu’il ne soit pas encore dans le DSM. On en fait des recherches depuis 1967 (3). M. Byron P. Rourke, neuropsychologue et professeur à l’université Windsor en Ontario, a d’ailleurs reçu une mention d’honneur de l’Ordre du Canada, pour ses recherches distinctives relativement aux troubles non verbaux.
Une question se pose :
Pourquoi le syndrome n’est nommé nulle part dans les documents du ministère de l’Éducation du Québec?
Nous connaissons les avantages d'une étiquette:
offrir un service aux élèves dans les écoles;
connaitre les besoins spécifiques des élèves ciblés, puisqu’ils sont spécifiés dans un document officiel;
nommer le problème pour mieux le comprendre et mieux intervenir;
une reconnaissance de l’ampleur des défis ;
intervenir rapidement pour rattraper les retards et s’assurer qu’un écart ne se creuse plus : moyens urgents mis en place;
éviter des perceptions erronées: l’élève ne comprend rien, n’est pas intelligent, n’a pas de capacité d’apprentissage;
comme parent, s’ajuster à son enfant pour répondre à ses besoins;
pour l’enfant, mieux se comprendre et s’accepter, souhaitant ainsi diminuer les problèmes de santé mentale associés.
Dans le cas du SDNV qui vise des manifestations de plusieurs causes connues, on pourrait facilement s’y méprendre. Or, s’il n’est pas dépisté, on ne répondrait pas à aux besoins spécifiques du jeune SDNV et ses chances de réussites seraient nettement amoindries. À ce sujet, Eliane Chevrier, neuropsychologue au CENOP a d’ailleurs constaté que plusieurs parents qui la consultaient pour valider un TDA/H chez leur enfant repartaient avec le diagnostic de SDNV. Il est clair que si on agit sur les manifestations du TDA/H chez un élève SDNV, les interventions n’auront pas l’effet escompté.
Le schéma Le Syndrome de Dysfonctions Non Verbales présenté relate l’ampleur des manifestations du SDNV. Il souhaite une meilleure compréhension du syndrome et de ses besoins.
Voici la version PDF à télécharger:
En aucun cas, on ne doit sous-estimer les capacités d’un jeune SDNV à apprendre et à se réaliser. La seule condition: être bien accompagné.
Parce que c'est difficile, mais ce n'est pas impossible!
(1) Prudence Fisher, Amy Margolis et Amie Wolf , chercheures à l’université Columbia Irving Medical Center et Mark Riddle, médecin, professeur de psychiatrie à l’université Johns Hopkins et président du conseil scientifique du NVLD Project
(2) L’appellation DVSD (developmental Visual-spatial Disorder) signifie trouble développemental visuel spatial. Elle est une terminologie retenue pour NVLD (non-verbal learning disabilities) en anglais, traduite en français par SDNV (syndrome de dysfonctions non verbales) .
Comme il était important que la définition proposée pour le DSM soit acceptable pour l'ensemble des acteurs du projet, NVLD project a orchestré une conférence de travail à Columbia University Medical Center en 2017, dans le but d'obtenir un consensus relativement au diagnostic du SDNV. Avant d'examiner les critères définis, les experts présents ont discuté du changement de nom pour «trouble du traitement spatial» afin de refléter ce qui différencie le SDNV des autres troubles du DSM, qui se chevauchent. Ainsi, pour le dissocier de la terminologie "non verbal," ce qui porte à confusion pour ceux qui ne connaissent pas le trouble, car les personnes atteintes ne sont pas altérées verbalement.
** Il est important de mentionner que la terminologie SDNV demeurera tant qu'une appellation officielle traduite en français ne sera pas disponible.
Texte original disponible :
(3) Historique du SDNV par le CENOP:
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